Le Bio entre business et projet de société

Les dérives du marché du bio

Les dérives de l’industrie Bio, entre business et projet de société

Les produits Bio envahissent de plus en plus nos rayons de supermarchés et c’est tant mieux. Mais attention, ne vous y trompez pas, derrière cette étiquette « Bio », se cache souvent des immenses fermes qui fonctionnent avec une main d’œuvre sous-payée et sans droits, des aliments sans produits chimique certes, mais importés de l’autre bout du monde.

Plus de produits Bio en magasins mais pas plus de surface agricole cultivée en bio en France, explications:

Depuis 15 ans le développement de l’agriculture biologique est fulgurant, à ce jour ce sont 40 millions d’hectares (soit l’équivalent de l’Allemagne et la Suisse) qui sont certifiés Bio dans le monde.

La majorité de ces surfaces certifiées Bio appartiennent à de grandes exploitations en Amérique latine, Asie et Afrique, spécialisées dans des monocultures du soja, huile de palme, blé…Ces pays ne consomment pas leur production, car elle est ensuite exportée vers l’Europe, le Japon et l’Amérique du Nord.

Ce modèle économique en agriculture Bio copie le système agro-industriel dominant qui rend les cultivateurs et producteurs du Sud esclaves des consommateurs du Nord en les maintenant dans un contexte de plus en plus dépendant.

Stratégie commerciale du « bio-business »

La grande distribution lance une véritable OPA sur le Bio, marché qu’elle veut investir à tout prix…A ce jour 50 % des produits bio vendus en France sont commercialisés par les grandes surfaces.

Les super et hypermarchés fondent leur stratégie sur la « démocratisation » des produits bio. Citons en exemple parmi les grandes campagnes publicitaires actuelles, celle d’Auchan qui propose 50 produits à moins de 1 €uro. Ces stratégies commerciales conduisent à un développement d’une agriculture biologique industrielle intensive, qui se traduit par une importation massive de produits bio à coûts réduits. La France, qui jadis était exportatrice est devenue importatrice de produits bio.

Résultat, dans le bassin méditerranéen les producteurs sont mis en concurrence, si le prix des tomates d’Andalousie est trop haut, on ira en chercher au Maroc ou ailleurs. Le seul coût qui peut être ajusté, c’est celui de la main d’œuvre agricole, exploitée à outrance, immigrée et sans aucun droit.

Le Bio business

Pourquoi l’Europe laisse-t-elle faire ?

Depuis le 1er janvier 2009, une nouvelle réglementation européenne concernant l’agriculture biologique est entrée en vigueur, seulement elle a été élaborée pour favoriser le développement d’une agriculture industrielle et intensive, et la mise en concurrence de ces régions de production. Elle se réduit à des principes agronomiques et techniques sans aucun critère social. La main d’œuvre n’est pas prise en compte, ni la tailles des fermes. A ce jour, les cahiers des charges du bio ont complétement échappé aux agriculteurs, ce sont des bureaucrates de Bruxelles, soumis à tous les lobbies, qui définissent les réglementations en interdisant aux États d’opter pour une réglementation plus stricte.

Le consommateur trompé risque de se détourner des produits bio

Si ça continue les gens finiront par ne plus s’y reconnaître, et cette logique s’éloigne de plus en plus de l’esprit des fondateurs et de la charte Bio de 1972 de l’IFOAM, avec des principes agronomiques, écologiques, sociaux et politiques forts. Cet esprit devait représenter la transparence, des prix équitables et de la solidarité sans exploiter les pays du Sud, des fermes à taille humaine et les plus autonomes possible avec une consommation de proximité.

Heureusement, certains producteurs ne veulent pas de la certification européenne et ont contribué à la mise en place d’un cahier des charges plus rigoureux comme ; Nature et Progrès, Demeter, BioBreizh ou Bio Cohérence, qui se démarquent clairement du bio industrielle. Notons également le système français des Amap (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne ) ou leur équivalent dans certains pays qui encourage l’activité de milliers de maraîchers en Europe.

Oui, l’agriculture bio est porteuse d’un projet de société

Les groupements d’achats se développent également de façon spectaculaire. Partout la résistance se met en place avec une très grande diversité dans les systèmes et méthodes de culture; Ferme familiales, communautés, groupements et coopératives, basées sur les cultures associées ou la permaculture…

Tout repose sur la confiance entre le consommateur et le producteur, ils sont proche l’un de l’autre, et si quelque chose ne fonctionne pas bien, ils voient ensemble pour résoudre le problème dans une logique d’échange et de solidarité.

L’agriculture et la production bio ne pourra pas nourrir la planète si nous ne changeons pas le système politique. Mais avant tout, changeons notre mode de consommation, car le consommateur est libre de ses choix, et c’est par ses habitudes d’achats qu’il doit dicter la production, et non l’inverse. Le bio doit nous conduire à concevoir une société beaucoup plus juste. Une agriculture biologique ne peut être que paysanne sans être livrée à l’industrialisation et aux turbulences de la bourse, et cela doit passer par une sortie de ce capitalisme financier.

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